Avec " Chroniques de jeunesse ", retour en arrière dans les années 80, à Québec, au cœur d'une usine de papier, où le futur auteur de bande dessinée, Guy Delisle, alors étudiant aux Beaux-Arts, expérimentait le monde et le travail ouvriers
- Guy Delisle, auteur de bandes dessinées et de films d'animation
Vendredi-BD
Tewfik Hakem s'entretient avec l’auteur illustrateur de bande dessinée, Guy Delisle, à propos de ses Chroniques de jeunesse publiées aux éditions Delcourt. Un voyage, dans son Québec natal, au cœur d'une usine de papier où il fut employé, étudiant, trois étés de suite au milieu des années 80.
Ca a été construit en 1929, à l'époque loin de la ville, avec ses grosses cheminées, juste à coté de cette ville, Québec, toujours très jolie, très propre. C'était du papier journal notamment pour le New York Times, donc ça allait partout dans le monde. De passage à Québec, j'ai pris contact avec quelqu'un qui m'a guidé, j'ai pu prendre des photos. Tout le reste est basé sur des souvenirs.
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" J'étais un étudiant assez timide à l'époque, et je me retrouvais dans l'usine avec des gens plutôt costauds. C'était comme de se retrouver dans un vestiaire de rugby "
C'était le passage aussi dans le monde professionnel. J'étais dans un contexte familial relativement loin du monde ouvrier dans lequel je me retrouvais, avec un père ingénieur, une mère professeur et moi, étudiant aux Beaux-Arts. C'était deux mondes. J'arrivais avec mon livre pour les pauses, "Des souris et des hommes" de Steinbeck, et je me souviens de mes larmes à la fin, espérant que personne ne m'avait vu pleurer.

" Ma grande chance quand j'étais jeune c'était de pouvoir aller à la médiathèque et de pouvoir lire le plus de Bd possibles, découvrir par le livre "
Le personnage principal du livre, c'est l'usine, puis forcément il y avait mon père, dont la relation avec lui était presque inexistante, puisque mon père est parti quand j'avais six ans. A cette époque, et sans doute c'était générationnel, les pères pouvaient partir sans garder de contact avec leurs enfants. Aujourd'hui, ca paraitrait impensable. Mon père était ingénieur dans cette usine : écrire ce livre, c'était aussi aller chercher le père.

Mon père est au centre de l'histoire. Je le voyais, il est vrai, à dose homéopathique. Parler de choses personnelles j'ai beaucoup de scrupules, mais pour le récit, préciser le contexte, c'était nécessaire. J'avais depuis très longtemps l'idée de parler de ces trois étés de ma jeunesse. Le Québec, j'y retourne régulièrement, je m'y sens à la maison. j'ai acquis une culture en France aussi, qui s'est additionnée à la première. J'ai voulu raconter cette époque. Quand j'ai commencé cette bande dessinée, planter le décor, une usine avec de la fumée, des grosses machines à dessiner, fut une de mes motivations.

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