Édition spéciale du 29 avril 2020

En apprendre davantage
pour mieux intervenir

Cette dernière édition de notre série d’infolettres spéciales vous propose des ressources utiles et pertinentes pour vous épauler tout au long de la crise causée par la COVID-19, de même que des réflexions tirées de notre veille informationnelle à l’échelle locale, nationale et mondiale. Cette semaine, notre sélection d’outils et de ressources s’adresse plus particulièrement aux intervenants, alors que notre analyse porte sur les différents scénarios étudiés par les économistes sur les impacts potentiels de la pandémie sur certains groupes populationnels plus vulnérables.

Outils et ressources : Pour les intervenants

L’équipe d’AXTRA a sélectionné pour vous quelques guides, balados et outils pour vous soutenir notamment dans votre pratique auprès des groupes plus vulnérables.
 

RESSOURCES | Les répercussions de la maladie du coronavirus (COVID-19) sur l’immigration, les réfugiés, la citoyenneté et les services de passeport
Par le Gouvernement du Canada

Vous retrouverez des informations importantes concernant les démarches d’immigration, les restrictions à propos des demandes ou de l’entrée au Canada ou encore du renouvellement des passeports.

Voir la page


RESSOURCES | Le coronavirus (COVID-19) et les communautés autochtones
Par Services aux Autochtones Canada

Cette page recense toutes les informations liées à la COVID-19 et spécifiques aux communautés autochtones : des ressources de sensibilisation et de protection en langues autochtones, le soutien disponible pour les individus et les entreprises, ainsi que les recommandations pour rester en sécurité.

Accéder à la page


BALADO Question d'intérêt | Tous égaux devant la pandémie?
Par Gérald Fillion, ICI Radio-Canada Première

Des millions de Canadiens bénéficient actuellement des programmes d'aide gouvernementaux. Mais une fois la crise passée, les mesures sociales vont-elles rester? Gérald Fillion en discute avec Nicolas Zorn, directeur général de l'Observatoire québécois des inégalités.

Écouter le balado
Lire l’analyse de l’Observatoire québécois des inégalités


OUTILS | Information pour les organismes communautaires
Par la Direction de santé publique de la Montérégie

Ce site rassemble des informations sur les règlementations, les conseils, les mesures et outils pour les intervenants sur divers enjeux liés à la crise actuelle, notamment sur l'intervention auprès des individus ayant des problèmes de santé mentale, des personnes en situation d'itinérance ou de dépendance. 

Découvrir les outils

Veille informationnelle : Un virus à géométrie variable

Nos précédentes infolettres ont fait état des répercussions économiques, sociales et organisationnelles de la pandémie mondiale, à l’échelle individuelle et collective. Même si certains politiciens affirment que ce virus est un « grand égalisateur », affectant toutes les catégories de la population, force est de constater que tous ne sont pas égaux devant la COVID-19. Bien que l’ensemble des Québécois et Québécoises soit touché d’une façon ou d’une autre par la situation actuelle, certains groupes sociodémographiques subissent plus directement les effets de la crise sanitaire et socioéconomique.

Cette dernière infolettre spéciale aborde plus spécifiquement les conséquences de la crise pour certains groupes populationnels plus vulnérables, soit les travailleurs précaires, les personnes immigrantes, les jeunes, les personnes en situation d’itinérance et les Autochtones.

Travailleurs pauvres ou à statut précaire

Selon l’Observatoire québécois des inégalités, le virus fait ressortir et amplifie des clivages socioéconomiques souvent occultés, notamment pour les travailleurs pauvres ou précaires.

Avant la crise, plus de 800 000 travailleurs québécois gagnaient moins de 15 $ l’heure (soit un revenu annuel de 27 300 $ pour 35 heures/semaine), dont 300 000 au salaire minimum, soit 12,50 $ (ou 22 750 $ par année). Ce faible salaire ne leur permet pas, dans bien des cas, de subvenir à leurs besoins de base, encore moins de se constituer un fonds de réserve en cas d’urgence ou de faire des provisions de nourriture. En plus de vivre dans des espaces plus restreints, parfois surpeuplés – voire insalubres –, plusieurs n’ont pas accès à un ordinateur ou à Internet, notamment pour remplir leurs demandes d’aide financière temporaire. De plus, de nombreux employés avec un statut précaire ne peuvent faire du télétravail et ne disposent pas de congés maladie rémunérés. La majorité de ces travailleurs, pourtant considérés comme essentiels (notamment dans le secteur de l’alimentation), n’a pas non plus accès aux services de garde d’urgence instaurés par le gouvernement provincial.

Personnes immigrantes et minorités ethniques

Malgré les appels lancés par plusieurs organisations, le gouvernement fédéral a choisi de ne pas prolonger automatiquement le statut des travailleurs étrangers temporaires et des étudiants internationaux dont le visa vient rapidement à échéance, comme l’ont fait par exemple la France et le Portugal. De nombreux résidents temporaires sont donc contraints d’entamer une demande de renouvellement, ce qui implique des frais supplémentaires, diverses démarches administratives et un stress additionnel, alors que les délais de traitement des demandes s’allongent. Plusieurs nouveaux résidents permanents, récemment arrivés en sol québécois, vivent également des défis considérables, notamment pour trouver un logement ou un premier emploi en temps de confinement, parfois sans bien maîtriser la langue française.

Les individus appartenant à différents groupes culturels – qu’ils soient natifs ou immigrants – sont également plus vulnérables face à la pandémie. Des données colligées aux États-Unis et au Royaume-Uni montrent que les personnes racisées se trouvent surreprésentées parmi les cas et les victimes de la COVID-19, notamment en raison de facteurs économiques, occupationnels et systémiques. Selon un sondage mené par l’Association d’études canadiennes, en collaboration avec Léger, la pandémie accroît aussi la vulnérabilité économique des minorités visibles à l’échelle du pays. Plus de 60 % des personnes d’origine latino-américaine, sud-asiatique et africaine ont rapporté une diminution de leurs revenus depuis le début de la crise, comparativement à 42 % des individus caucasiens. Enfin, plusieurs analystes craignent que l’épidémie de coronavirus attise les comportements xénophobes et anti-immigrations, alors que les médias rapportent une recrudescence de crimes à caractère haineux dans plusieurs pays, dont le Canada.

Jeunes

Selon Statistique Canada, les jeunes de 15 à 24 ans ont été les plus touchés par des pertes d'emplois au mois de mars, particulièrement les étudiants et ceux travaillant à temps partiel. Leur taux de chômage a augmenté de 6,5 points de pourcentage, passant à 16,8 %, soit un sommet depuis 1997. Si près d’un jeune sur cinq a déjà perdu la majorité ou la totalité de ses heures de travail habituelles, d’autres s’inquiètent de ne pas pouvoir trouver d’emploi pendant la période estivale, étant donné la fermeture de nombreux établissements et entreprises, notamment dans le secteur touristique. En outre, la pandémie de la COVID-19 a forcé le report de nombreux stages que doivent faire les étudiants dans le cadre de leur parcours scolaire. Le premier ministre Trudeau a récemment annoncé de nouvelles mesures pour soutenir les étudiants postsecondaires à travers le pays, dont la Prestation canadienne d’urgence pour étudiants (PCUE) qui prévoit un versement mensuel de 1250 $ de mai à août.

Personnes en situation d’itinérance

L’épidémie de la COVID-19 a chamboulé le quotidien des personnes sans-abri, accentuant non seulement les risques sur leur santé déjà précaire, mais aussi leur stigmatisation au sein de la société.

Dès la déclaration de l'état d'urgence sanitaire, de nombreuses ressources pour personnes en situation d’itinérance ont dû restreindre leurs activités, et notamment le nombre de lits disponibles dans les refuges. De plus, la grande majorité des commerces et lieux publics fréquentés par la population itinérante ont fermé leurs portes, alors que les trottoirs habituellement achalandés du centre-ville sont désertés, ce qui limite le nombre de pièces amassées par la quête. Pour tenter de répondre à cette situation urgente, plusieurs parcs, édifices et anciens hôtels ont été convertis en halte-répits et refuges, notamment à Montréal, Québec et Gatineau. Or, les consignes sanitaires (comme le lavage fréquent des mains) sont plus difficilement applicables dans la rue et de nombreuses ressources, comme des sites d’injection supervisés, centres de jour et services en santé mentale, demeurent fermées pour le moment.

Par ailleurs, des reportages ont également révélé que quelques jeunes sans-abri avaient reçu des contraventions de plus de 1 500 $ pour avoir enfreint les règles de distanciation physique, une situation rapidement dénoncée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Celle-ci s’inquiète d’ailleurs de l’impact discriminatoire de l’interdiction de rassemblement et des mesures de confinement sur les personnes en situation d’itinérance, car elles « ne peuvent pas s’isoler dans leur domicile puisqu’elles n’en ont pas ».

Autochtones

Au Québec comme au Canada, les communautés autochtones (soit les Premières Nations, les Inuits et les Métis) sont également particulièrement vulnérables face à la crise. Selon Perry Bellegarde, chef national de l’Assemblée des Premières Nations, plusieurs raisons expliquent cette situation, dont le surpeuplement des logements, le manque d’accès à l’eau potable dans certaines communautés, l’insécurité alimentaire dans les régions isolées, ainsi que le nombre limité de médecins et d’infirmières. Si le nombre de cas déclarés demeure faible (27 au Québec) pour le moment, l’éclosion du virus au sein d’une ou plusieurs communautés autochtones pourrait avoir des effets dévastateurs, étant donné les problèmes de santé préexistants de plusieurs individus et l’accès inégal aux services de santé.

Conclusion

Loin d’être un agent « égalisateur », le virus agit avant tout comme un « grand révélateur », qui met en lumière la discrimination, les inégalités et les rapports de force qui persistent au sein de notre société. Ce bref portrait n’étant pas exhaustif, les groupes présentés ci-haut ne sont malheureusement pas les seuls à souffrir de cette crise de façon accentuée. D’autres clientèles vulnérables, comme les personnes âgées, les individus qui souffrent de maladies préexistantes, les personnes immunodéprimées, les femmes, les ménages monoparentaux ou en situation de pauvreté, les personnes avec incapacités, les individus ayant des problèmes de santé mentale et les personnes éloignées du marché du travail, subissent et subiront davantage les conséquences de cette crise, malgré les efforts déployés par de nombreux organismes et bénévoles.

Nous espérons que vous avez apprécié ces infolettres spéciales sur les enjeux liés à la crise de la COVID-19. Fidèle à ses habitudes, l’équipe d’AXTRA poursuit sa veille et vous transmettra toutes les informations utiles à la reprise graduelle de vos activités. Restez à l’affût!

Pour toute question à propos du contenu de cette infolettre, communiquez avec notre équipe :

AXTRA | Alliance des centres-conseils en emploi
info@axtra.ca | Téléphone : 514 721-3051
 

AXTRA.CA