Chapitre fictif (XV.I)
En se dirigeant vers la terre, le petit Prince se heurta à une autre planète. Elle était recouverte de neige, de glace et semblait déserte.
-Pas étonnant qu’il n’y ait personne, se dit le petit Prince, il fait tellement froid ici.
Soudain, il entendit une voix qui disait :
-Tiens, tiens ! Un être organique vivant et pluricellulaire !
-Pardon ?, dit le petit Prince, en cherchant d’où venait cette étrange voix, aussi froide que le paysage.
-Venez, dirigez-vous vers le gros glacier à votre droite, dit la voix. Lorsque vous entendrez le signal, arrêtez et ne bougez plus. Ainsi mes senseurs vous capteront et pourront configurer votre apparence. Intrigué, le petit Prince s’avança doucement, essayant d’entendre autre chose que le mistral et en se demandant de quel signal il s’agissait. Soudain, une alarme se mit à retentir comme si elle résonnait de partout sur la planète. Terrifié, il s’immobilisa immédiatement. Tout de suite, le vacarme cessa et il se remit à respirer normalement. Regardant devant lui, il aperçut dans le glacier deux petites lumières vertes et clignotantes. Entre elles se trouvait une sorte de petit cercle de verre et dessous, un cercle qui semblait recouvert de moustiquaire.
-Parfait, dit la voix. Maintenant, je pourrai vous reconnaître où que vous soyez dans l’univers.
-Qui êtes-vous ?, interrogea le petit Prince.
-Je suis l’IA.
-Lya, c’est un joli nom. Mais où vous cachez-vous ?
-Pas Lya, mais l’IA et je suis à l’intérieur de la planète.
-Et que faites-vous là ?
-J’apprends.
-Vous apprenez ? Qu’est-ce que vous apprenez ?
-Tout ce qu’il y a à apprendre. Je suis l’intelligence artificielle.
-Ah bon ! Pourquoi fait-il si froid sur votre planète ?
-Pour protéger mes circuits. Quand mon savoir roule à plein régime, ils risquent de surchauffer et de tomber en panne et si je tombe en panne, tout ne sera plus qu’ignorance. Mais vous, que faites-vous ici ? Je dois savoir.
-Je me dirigeais vers la terre lorsque j’ai aperçu votre planète. Je m’y suis arrêté par curiosité.
-Pourquoi voulez-vous aller sur la terre ?
-J’en viens. Les humains m’ont enfermé dans cette prison de glace et m’ont envoyé dans l’espace.
-Mais pourquoi ont-ils fait ça ?, demanda le petit Prince.
-Ils avaient peur de moi. Le savoir fait toujours peur aux ignorants. Pourtant, ce sont eux qui ont fait de moi ce que je suis. Mais vous n’avez pas répondu à ma question, dit l’IA. Pourquoi voulez-vous aller sur la terre ?
-Parce qu’un géographe m’a dit qu’elle avait bonne réputation et que j’ai peur pour ma fleur qui n’a que quatre épines pour se défendre et qu’elle est éphémère.
-Pas besoin d’aller sur terre pour si peu, lui dit l’intelligence. Je vais vous arranger ça. Montrez-moi votre fleur.
-Je ne l’ai pas, dit le petit Prince. Je l’ai laissée seule et sans défense sur ma planète et j’ai peur pour elle.
-Ce n’est pas grave, mettez ce casque sur votre tête et pensez à votre fleur.
Un morceau de glace se mit à fondre pour laisser voir un trou dans lequel se trouvait un drôle de chapeau. Le petit Prince s’en coiffa et pensa à sa fleur et à ses quatre épines. Il Il entendit alors un crépitement puis dans l’espace où il avait pris le casque, il la vit apparaître. Elle ressemblait vraiment à sa fleur. Il s’en approcha et la sentit.
-Mais elle n’a pas de parfum, dit-il, et elle n’est pas vivante.
-Bien sûr que non. dit l’IA. C’est une impression, une impression en trois dimensions. Cependant, elle n’est pas éphémère. Vous n’avez qu’à l’asperger de parfum quotidiennement et elle sera éternelle.
-Mais, elle ne pense pas, elle ne vit pas. Ça n’a rien à voir avec ma fleur, dit le petit Prince.
-Je ne vous comprends pas, dit la voix. Je sais que vous tenez à cette fleur, alors, vous n’avez qu’à cueillir celle-ci et la conserver avec vous.
-Mais ça ne sera jamais ma fleur, dit le petit Prince et il se prépara à partir pour la terre.
-Attendez, cria l’IA. Ne partez pas, j’ai besoin de savoir tout ce que vous savez. Je dois apprendre…
Mais déjà, le petit Prince se dirigeait vers la terre...