Photo : Chaire de la cathédrale (protestante) Saint-Pierre de Genève (de laquelle l'Église Unie Saint-Pierre tient son nom); Crédit Photo : Yann/Wikimedia Commons
1. PRIONS, OUI, MAIS AGISSONS !
«Que tous soient un »
C’est devenu un cliché de citer cet extrait de Jean 17,21 lors de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui a lieu chaque année du 18 au 25 janvier. Comme vous le savez, ce passage de l’Évangile est aussi la devise de l’Église Unie, qui apparaît sur son écusson. Faut-il le rappeler : l’Union de 1925 était la première fois où des Églises de confessions différentes s’unissaient volontairement.
Mais en citant ce passage, on laisse souvent tomber le reste du verset : « comme toi tu es en moi et que je suis en toi, qu’eux aussi soient un en nous pour que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé. » La recherche d’unité est un impératif, un commandement, parce que l’unité des chrétiens reflète l’unité du Père et du Fils et est signe de la vérité du message que nous portons. En nous aimant les uns les autres, avec nos différences, en travaillant ensemble, nous, chrétiens, sommes témoignage aux yeux du monde.
Pensez aux missionnaires chrétiens qui autrefois débarquaient dans des pays lointains pour y faire connaître le Christ Jésus. Chaque Église envoyait ses propres missionnaires qui prétendaient tous être de la seule vraie Église du Christ. Vous imaginez la confusion des non-chrétiens devant ces confessions chrétiennes qui se faisaient concurrence... C’est pourquoi les Églises ont organisé des conférences missionnaires mondiales pour tenter d’unifier leur action; celle d’Édimbourg en 1910 est d’ailleurs considérée comme le point de départ du mouvement œcuménique.
Nous nous retrouvons aujourd’hui dans la même situation que les missionnaires d’autrefois. Comme chrétiens, nous sommes missionnaires par définition. Quiconque a rencontré Jésus Christ ne peut garder pour lui cette joie. Mais les non chrétiens à qui nous devons faire connaître le Christ ne sont plus à l’autre bout du monde, ils sont ici chez nous. Nous vivons désormais dans une société déchristianisée au sein de laquelle nous, croyants, faisons parfois figure d’extraterrestres. Nous faisons face, avec les chrétiens des autres Églises, aux mêmes défis : comment être chrétiens et témoins dans une société déchristianisée et parfois hostile au religieux qui s’exprime dans l’espace public ? Comment être Église dans une société de plus en plus sécularisée ? Nous devons partager nos expériences entre chrétiens d’Églises différentes et collaborer.
Ce n’est plus le moment de se livrer à des batailles doctrinales. D’essayer de savoir qui a raison, qui a la meilleure théologie. De quoi avons-nous l’air quand nous nous battons entre chrétiens ? Il en va de notre crédibilité. Et les Églises conservent déjà si peu de crédibilité aux yeux du monde d’aujourd’hui…
Le 29 février prochain, premier dimanche du carême, les catholiques de Genève célébreront la messe dans la cathédrale Saint-Pierre (protestante), à l’invitation de la paroisse protestante Saint-Pierre de Genève, pour la première fois depuis la Réforme. Des célébrations œcuméniques, il y en a eu dans ce lieu de culte, mais là c’est différent : la paroisse protestante confie les clés de la cathédrale aux catholiques. Quel beau geste d’unité !
Sans taire nos différences, sans cacher nos identités respectives, travaillons ensemble, en nous rappelant toujours que notre foi commune est plus grande que nos différences de compréhension et d’interprétation. Que diversité n’est pas synonyme de division.
Cette semaine, oui, prions pour l’unité des chrétiens. Mais ne faisons pas que prier. Les 51 autres semaines de l’année, agissons, posons des gestes d’unité !
-- Stéphane Gaudet