Je ne le tolère plus non plus. Mais jamais je ne soutiendrai qu'il faut restreindre l'accès au lac.
Mais alors quoi? Comment concilier l'accès le plus large possible et cette infernale ascension de la liberté débridée de ceux qui ont l'argent et l'inconscience de s'amuser sans se soucier des conséquences? La polarisation des opinions que j'ai percue sur les médias sociaux ne ment pas : l'insouciance de quelques-uns fait le malheur de tous les autres.
Le problème est pire au lac Memphrémagog et au lac Magog, le problème est partout.
Mais parlons d'ici. La patrouille bleue est sur le lac 7 jours sur 7, 10 heures par jour. Des cas de témérité et de dangers directs, on en voit par dizaines chaque semaine. Les kayakistes et les planchistes ne sont pas plus purs que les autres; plusieurs cherchent et trouvent les avenues pour éviter le lavage. L'équipe d'ÉTÉ le voit chaque jour. Mais alors quoi?
Sensibiliser ne suffit plus. Il faut faire mieux. Bleu Massawippi est sur tous les fronts, lavage, civisme, communiqués de presse, on gagne des points, mais trop peu pour équilibrer la croissance.
Si l'accès au lac n'est pas un droit fondamental, il peut et doit être un choix de société. Pensé, réfléchi, organisé. Ce choix doit considérer les impacts environnementaux et les coûts qu'ils représentent. Parce qu'inévitablement, quelqu'un devra payer. Riverains, plaisanciers, pêcheurs, baigneurs, municipalités, gouvernements, chacun doit accepter que gérer convenablement un lac coûte cher, de plus en plus cher. Qui paiera?
Il faut d'abord réduire les dégats en établissant des normes fondamentales et en les faisant respecter. Si les lacs étaient utilisés avec respect, aussi bien par les riverains que par les autres, il serait plus facile d'en donner l'accès au plus grand nombre.
Pour cela il faut que le gouvernement fédéral et Transports Canada ouvrent une voie simple aux municipalités, c'est urgent. Mais pas seulement. Il faudra que les municipalités aient le courage de le faire. Et ça, c'est loin d'être certain quand on sait que le règlement sur les bandes riveraines n'est pas appliqué avec constance dans une seule de nos municipalités riveraines.
Ensuite, il faudra investir. Investir dans des accès aux lacs surveillés pour que tous ceux qui y accèdent, riverains compris, connaissent les règles de base à respecter sur un lac. Investir dans une patrouille permanente qui pensera sécurité et environnement. Qu'on cesse de labourer les herbiers et de soulever des sédiments.
Hier samedi, en après-midi, l'éclosion subite et sauvage d'algues bleu-vert à la baie Baltimore faisait peur. C'est un problème qui prendra des années à résoudre si jamais on y parvient.
L'harmonisation du nautisme et de l'environnement est autrement plus facile à régler. Il suffit de vouloir.