Une jolie tuque rouge et blanche originaire de la Norvège, vivait avec sa propriétaire qui l’appréciait beaucoup.
En hiver, c’est tous les jours qu’elle sortait de la garde-robe pour aller marcher dans toutes les conditions climatiques. Son rôle, elle le jouait à la perfection en répandant sur la tête de la marcheuse une chaleur réconfortante et bienfaisante. En dehors des heures consacrées à la marche, elle reposait sur la tablette de la garde-robe. Ainsi, passaient les jours, les mois et les années pour la petite tuque si attentionnée pour sa propriétaire.
Un jour, l’arrivée d’une tuque tricotée à la main par une Québécoise chamboula toute sa routine à son grand désespoir. C’est ainsi qu’elle passa plusieurs mois à se morfondre sur sa tablette qu’elle devait maintenant partager avec cette intruse qu’on lui avait imposée. Elle en vint même à avoir des idées noires car elle ne sortait plus et vivait dans le noir, jour et nuit.
Elle ne pouvait accepter d’être abandonnée à son sort. Sa réflexion l’amena toutefois à fomenter un coup d’éclat qui, elle l’espérait, amènerait sa propriétaire à reconsidérer son attitude à l’égard de sa petite tuque norvégienne.
C’est par un dimanche matin que l’occasion se présenta à elle. Lorsque la porte de la garde-robe s’ouvrit et qu’elle sentit la main de sa propriétaire sur elle, elle se volatilisa sans crier gare.
La réaction de sa propriétaire fut instantanée. La Tuque profita de ce moment de grâce pour observer celle qui l’avait oubliée pendant si longtemps. Son visage exprimait la stupéfaction et l’incompréhension à n’en pas douter.
Tout ce que contenait la garde-robe fut sorti et inspecté avec une grande minutie, toujours pas de petite tuque rouge à l’horizon.
Elle vit le regret et la mélancolie dans le regard de sa propriétaire. Celle-ci se résigna finalement à sortir marcher avec sa petite tuque québécoise pure laine.
Après une heure à flotter dans le néant, la petite tuque considéra que le supplice avait assez duré. Elle reprit sa place dans la garde-robe, mais cette fois-là, elle s’installa sur le sol.
Les retrouvailles furent pleines de joie et d’allégresse. Cette réconciliation permit à la petite tuque rouge de retrouver son entrain et sa joie de vivre.
Après discussion, on en vint à un compromis qui fut à la satisfaction de toutes les parties, en l’occurrence la propriétaire et ses deux tuques. À partir de ce moment, ce sont les dates des jours qui détermineraient les sorties des deux colocs habitant dans la garde-robe.
C’est ainsi que les jours pairs furent associés à la Tuque québécoise et les jours impairs à la Tuque norvégienne.
En 2024, cette dernière aura d’ailleurs le privilège d’aller marcher au cours d’une journée qui n’arrive qu’une fois tous les quatre ans, c’est-à-dire le 29 février.
L’harmonie règne désormais dans la garde-robe. La petite tuque norvégienne a appris avec cette expérience, qu’après la pluie vient le beau temps, elle en est convaincue.
Par Marthe Giroux, membre du club d’écriture « Les mots en marche »
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