L'intersectionnalité
Au JAG, nous avons décidé de souligner ce mois en abordant le terme de l’intersectionnalité. Cette approche a été mise de l’avant dans les années 1990 par Kimberlé Williams Krenshaw, une grande professeure, juriste et féministe Noire.
L’intersectionnalité est un concept cherchant à expliquer que les différents systèmes d’oppression (racisme, sexisme, cissexisme, classisme, mononormativité, etc.) s’entrecroisent pour former une réalité bien précise à chaque personne. Ça peut sembler compliqué, mais en fait c’est bien simple à illustrer avec un exemple :
Prenons l’exemple fictif de Wildine qui est une femme trans Noire, nouvellement arrivée au Québec. Elle désire faire son coming-out trans à ses proches, mais ne sait pas comment le faire. Elle cherche donc un organisme LGBT+ pour l’aider. Cet organisme n’arrive pas à répondre au besoin de Wildine, car malgré qu’il comprenne bien sa réalité de femme trans, il ne comprend pas sa réalité de femme Noire et immigrante. Lorsque Wildine se tourne vers un organisme venant en aide aux nouvelleaux arrivant·e·s au pays, cet organisme ne peut pas non plus bien répondre à sa demande, car aucune personne n’est qualifiée pour les réalités LGBT+ au sein de l’organisme.
Le concept de l’intersectionnalité vient donc expliquer qu’une femme trans Noire n’est pas « femme + trans + Noire », mais qu’elle est une « femme trans Noire » et que ces différentes réalités sont toujours imbriquées l’une dans l’autre. L’intersectionnalité vient aussi expliquer pourquoi certaines populations sont plus à risque de vivre des discriminations que d’autres, ont moins facilement accès à des services adaptés et sont moins représentées (ou faussement représentées) par les médias.
Au JAG, nous essayons d’avoir l’approche la plus intersectionnelle et inclusive possible avec les différentes communautés. C’est d’ailleurs pourquoi nos bureaux sont accessibles par une rampe d’accès (anti-capacitisme), que nos services sont offerts gratuitement (anti-classisme), que nous suivons régulièrement des formations sur les réalités autochtones et/ou immigrantes (antiracisme) et que nous utilisons le langage neutre dans nos textes (anti-cissexime) pour ne nommer que quelques exemples.
Pour réussir à mieux saisir l’intersectionnalité ou encore pour essayer d’avoir une approche plus inclusive de toustes, nous vous invitons à faire des exercices pour prendre conscience de vos privilèges, de regarder des vidéos informatifs, ou même de faire l’expérience avec d’autres gens ayant une réalité différente de la vôtre.
Pascale Trudeau
Intervenante au JAG