COVID-19 : Communication du 22 avril 2020
Mot de la présidente
Chers collègues,
Voilà maintenant six semaines que la pandémie de la COVID-19 plonge notre société dans un état de crise sans précédent. Depuis le tout début, nous avons cherché les meilleures façons de mettre à profit votre contribution au service des Québécois, tout en étant à l’écoute de vos propres inquiétudes et préoccupations professionnelles, d’ailleurs fort légitimes.
Services urgents ou non ; télépratique versus contact direct ; pour quels services ; désir de prêter main-forte des psychologues oeuvrant dans le secteur privé ; manque de directives et d’orientations pour vos pratiques respectives ; inquiétudes financières au regard du fonctionnement des cliniques privées ; voilà autant de questions auxquelles nous avons tenté de répondre et pour lesquelles nous avons fait — et continuons de faire — toutes les représentations possibles.
En particulier, suite à l’arrêté ministériel de mars dernier permettant le redéploiement des professionnels du secteur public partout et pour toutes fonctions dans le réseau, nous avons fait des représentations pour que les réaffectations de nos membres soient en lien avec leur expertise considérant les besoins en santé mentale, qui ne vont qu’augmenter avec le temps.
La crise dans la crise
Puis a éclaté la « crise dans la crise », celle des CHSLD. Une crise que le premier ministre François Legault a jugée assez grave pour lancer un appel à l’aide, un appel « aux bras ». Pour nombre de nos membres, cette situation nécessite des adaptations majeures.
Comme beaucoup d’autres professionnels, nous nous demandons si certaines réaffectations sont la meilleure façon d’utiliser nos compétences pour servir l’intérêt des Québécois dans cette crise. Toutefois, crise et arrêté ministériel obligent.
Malgré ces contraintes, on demeure toujours psychologue. Je crois fermement à notre expertise spécifique et à sa nécessité. À celles et ceux d’entre nous qui sont réaffectés à des tâches étrangères à leur domaine d’expertise, je veux d’abord dire que je devine la frustration, les craintes voire la détresse que certaines réaffectations peuvent engendrer. Vous avez toute mon admiration.
J’espère qu’il vous sera possible, à travers ces réaffectations, de vous préoccuper de la santé mentale des personnes que vous soignerez. Je me suis demandé ce que sont ces besoins, en CHSLD, et qu’est-ce qui donnerait un sens à ma pratique si on m’y envoyait. Et je me suis dit que, en tenant la cuillère d’un patient dont le besoin est d'être alimenté, en tenant son verre puisqu'il a besoin d'être hydraté, je pourrais lire son dossier, parler avec lui, écouter la narration de son vécu, créer un espace relationnel, observer son langage, sa mémoire, ses fabulations, ses persévérations, je pourrais aider les autres intervenants à mieux le comprendre, je pourrais le rassurer, le stimuler en lui faisant la lecture (et en testant sa compréhension) ou en regardant des photos (en testant sa mémoire). Je pourrais, ce faisant, rassurer la famille et leur offrir du soutien. Je pourrais les aider, dans ce contexte terrible de pandémie, à calmer leurs inquiétudes, et je pourrais peut-être même les aider à comprendre ce qui se passe dans la tête de leur proche. Je pourrais même soutenir les préposés, infirmières, ou autres professionnels de la santé qui éprouveraient quelque détresse en pareille situation. Je pourrais apprendre. Je pourrais enseigner mon rôle pourtant indispensable à ces collègues par ma simple présence et mes actions. Tout ceci suppose bien sûr que l’on dispose de temps auprès du patient et que la pertinence de ces actes est également reconnue.
La crise qui couve
Plus généralement, l’Ordre se préoccupe au plus haut point de la santé mentale de la population (et particulièrement de celle des plus vulnérables). Celle-ci devient un enjeu pressant en cette période de pandémie et de confinement, dont les effets secondaires se manifesteront avec une acuité croissante.
Des établissements lancent des initiatives locales, qui offrent le soutien psychologique aux employés, proches aidants et bénévoles qui sont « au front ». Encore isolées, ces initiatives sont louables et témoignent de l’existence d’un besoin pressant. Mais il s’agit là de la pointe de l’iceberg. Derrière la crise éclatée de la COVID-19, couve une crise non moins grave, celle des effets multiples et croissants sur la santé mentale. Nous sommes persuadés qu’il faut agir sans attendre, car les effets sur la santé mentale s’étaleront sur une période qui risque de dépasser celle de la pandémie.
Nous vous avons sondés (cabinets privés, réseau public, réseau de l’éducation et neuropsychologues) pour être au fait de chacune de vos réalités et de vos contributions potentielles. Nous avons proposé aux instances gouvernementales une structure d’action que nous croyons efficace et adaptée aux circonstances exceptionnelles que nous vivons. Cette structure permettrait, pour les personnes qui en éprouvent le besoin, l’accès aux psychologues disponibles.
Je suis convaincue que nos savoirs, et plus que jamais le savoir-réfléchir (et dans le contexte, réfléchir hors des chemins fréquentés) nous guideront tous vers des façons créatives de soigner la santé mentale tout en répondant aux besoins criants. Ceci exige de faire preuve de flexibilité, d’indulgence envers nous-mêmes comme envers nos proches, chose souvent difficile dans l’adversité.
De notre côté, nous allons continuer de faire tout ce qui est possible pour vous appuyer dans ces pratiques psychologiques extraordinaires, et en défendre l’absolue nécessité pour la population.
Prenez bien soin de vous.

Présidente
Résultats du sondage de l’Ordre mené auprès des membres
Du 26 au 29 mars dernier, l'Ordre a sondé ses membres afin d’évaluer l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur leur pratique professionnelle. Vous pouvez désormais retrouver les faits saillants des résultats de ce sondage dans le site de l'Ordre. Nous tenons toutefois à souligner que nous sommes conscients et sensibles au fait que la situation a changé depuis la tenue de ce sondage, compte tenu de l'ampleur et de la vitesse à laquelle évoluent les enjeux et les défis pouvant découler de cette situation inédite.
Message de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ)
Tel que précédemment mentionné, les services de psychologie offerts à distance seront remboursés par la SAAQ pendant la période de la COVID-19, selon les balises en vigueur pour les services en personne. La SAAQ demande cependant d’indiquer sur vos factures les termes « télétraitement » ou « téléconsultation », lorsque tel est le cas. Par ailleurs, pour accélérer le traitement des factures, la SAAQ vous invite à utiliser les services en ligne en cliquant ici. Veuillez noter que les factures reçues par télécopieur seront également traitées, mais leur traitement, dans le contexte actuel, génère des délais. Pour toute autre question concernant le remboursement des services psychologiques par la SAAQ durant la pandémie, cliquez ici.
Conseils aux parents d’enfants atteints de TDAH
Un document rédigé par l'Ordre présentant des conseils aux parents qui vivent avec des enfants atteints de TDAH est maintenant disponible dans le site de l'Ordre. Ce document offre des conseils pour aider les parents en temps de confinement. On y traite notamment des sujets suivants : le sommeil, l’alimentation et l’exercice, la gestion de l’environnement, comment établir une routine sans être trop rigide, l’attention positive : une stratégie gagnante, etc.
Conseils destinés aux 6 à 11 ans, en temps de pandémie
Un document rédigé par l'Ordre s’adressant directement aux enfants de 6 à 11 ans et leur offrant des conseils adaptés à leur âge, en lien avec la pandémie et le confinement, est également disponible dans le site de l'Ordre. Ce document traite notamment des thèmes suivants : La santé : je me pose des questions, je suis inquiet pour mes parents et mes amis; Les apprentissages : je n’ai pas envie de faire des travaux scolaires; Je me sens anxieux, en colère, irritable ou frustré; Je m’ennuie, je ne sais pas quoi faire de mes journées.
Sécurité informatique en télépratique
Dans la communication du 17 avril 2020, nous informions les psychologues que l’Ordre avait consulté un expert en sécurité informatique et que la section questions et réponses concernant la télépratique serait mise à jour. Vous pouvez désormais retrouver ces informations dans la section relative à la télépratique dans le site Web de l'Ordre.
Aide financière pour les professionnels exerçant au privé
Nous vous informions récemment des représentations actives des ordres professionnels visant la création de mesures de soutien financier adaptées à vos réalités. D’ici à ce que nous ayons de nouvelles informations, pour consulter les programmes mis sur pied par les deux paliers de gouvernement, fédéral et provincial, nous vous invitons à consulter le tableau très complet qui est diffusé et tenu à jour par le Barreau du Québec.