Pour que la réelle valeur du sport puisse s'exprimer
Les mesures sanitaires mises en place afin de contrer la vitesse de propagation du virus ont affecté l’ensemble des secteurs d’activités. C’est étonnamment lorsque l’on perd ou que l’on est privé de quelque chose qu’on en mesure davantage sa valeur et son importance. Encore plus vrai lorsqu’on la prenait pour acquise. Qui aurait dit un jour que les jeunes ne pourraient plus faire de sport durant plusieurs mois? Cette éventualité, personne ne l’avait envisagée, pas plus que toutes les fermetures et pas plus que la situation de nos aînés en CHSLD.
Cette réalité nous permet néanmoins de de jeter un éclairage différent sur la valeur que le sport a dans nos communautés. Jamais n’a-t-on entendu autant parler du rôle que joue le sport pour maintenir l’équilibre fragile des jeunes et des adolescents. Psychologues, pédiatres, médecins spécialistes se succèdent sur la tribune pour exprimer leurs inquiétudes reliées à l’arrêt du sport organisé. L’isolement social, la cyberdépendance, l’anxiété, la dépression, le décrochage scolaire et sportif s’ajoute aux conséquences sur le plan de la santé physique. Bien que cela semble un sacrifice nécessaire afin de contenir le virus et de protéger les plus vulnérables, les experts envisagent des conséquences qui vont s’étendre au-delà de cette période de confinement sportif.
On entend donc que le sport est un incontournable voir essentiel pour la santé mentale et physique, qu’il joue un rôle crucial sur les plans du développement social et affectif et qu’il a un impact important dans la vie communautaire. C’est un discours qui n’est pas nouveau mais qui est amplifié par la crise que l’on traverse actuellement. Nous sommes en train de prendre la pleine mesure de l’apport du sport pour notre société. Et c’est tant mieux!
Par contre il nous appartient de faire en sorte que nos milieux sportifs s’assurent de mettre au cœur de leurs préoccupations cette réelle valeur que le sport possède. En premier lieu, tout mettre en œuvre afin que ces programmes sportifs soit le plus accessibles et inclusifs possible. La participation au sport organisé doit être un droit et non un privilège réservé aux familles qui en ont les moyens. Les coûts reliés à la participation dans plusieurs sports ont augmenté d’une façon vertigineuse dans les dernières années en laissant ainsi beaucoup trop de jeunes sur les lignes de côté.
Nous devons également remettre l’accent et la priorité sur les éléments qui favorisent la participation à long terme dans le sport. Avant tout, le plaisir. Or, l’importance que l’on accorde à la victoire et aux résultats, la spécialisation trop hâtive dans une seule discipline, la pression des parents et des entraîneurs à l’égard de la performance sont des éléments qui viennent miner le plaisir que les jeunes ont à faire du sport. Cela les amène à abandonner en grand nombre vers l’âge de 13-14 ans. En revanche, ce qui amène du plaisir et ce qui favorise un engagement à plus long terme est tout simple : se faire des amis, se dépasser, s’améliorer, être actif, se sentir valoriser par un entraîneur... Étrangement ce sur quoi nous mettons davantage d’importance comme les classements, les championnats, les statistiques, les sélections n’ont que très peu d’influence sur le plaisir et la satisfaction des jeunes dans ce qu’ils vivent comme expérience.
Oui le sport est essentiel pour nos jeunes. Mais il est nécessaire de se questionner à savoir si nos environnements sportifs, tel qu’ils sont actuellement, favorisent l’expression de cette valeur inestimable que l’on attribue au sport.
Bruno Durand
Conseiller en développement