En plus des nouvelles offres salariales, un nouveau dépôt sectoriel a également été soumis aux représentantes de l’APTS aux tables de négociation. Là encore, le gouvernement ne se donne toujours pas les moyens pour attirer et retenir la main-d’œuvre dans le RSSS. Si l’on constate de petites avancées, ces propositions patronales sont encore nettement insuffisantes pour éliminer la surcharge que vivent quotidiennement les professionnel·le·s et les technicien·ne·s du réseau.
Centres jeunesse
Au moment de la présentation de ces offres, la ministre LeBel prétendait avoir la marge de manœuvre nécessaire pour résoudre les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre en centres jeunesse. Mais qu’en est-il vraiment?
Dans son offre du 31 mars 2021, le gouvernement propose d’offrir aux membres de l’APTS de cette mission :
- l’octroi d’une prime récurrente de 1,5 % du salaire horaire,
- l’octroi d’une prime non récurrente de 2 % du salaire horaire, qui prend fin le 30 mars 2023, ou plus tôt si le gouvernement réussit à pourvoir les 500 nouveaux postes qu’il souhaite créer,
- l’ajout de l‘équivalent de 500 postes à temps complet,
- la mise en place de trois projets pilotes locaux portant sur la co-intervention dans le secteur psychosocial, sur le poste d’intervenant·e pivot et sur les communautés de pratique.
En contrepartie, l’employeur exige l’abolition de la prime de garde fermée, d’encadrement intensif et d’évaluation des signalements (que l’on retrouve à l’annexe 8 de la convention collective), soit le retrait du montant forfaitaire de 20,04 $ par semaine et de 5 jours de congé par année. De plus, il précise qu’une personne qui bénéficie des nouvelles primes proposées de 1,5 % (récurrente) et de 2 % (non récurrente) ne pourra pas bénéficier de la prime TGC (lettre d’entente no 17).
Ces incitatifs financiers sont nettement insuffisants pour attirer et retenir la main-d’œuvre dans les centres jeunesse et constituent de graves reculs pour plusieurs personnes salariées. Il est inconcevable que la ministre LeBel ait étalé ceux-ci sur la place publique en prétendant qu’ils régleront les problèmes dans les centres jeunesse!
L’APTS réclame quant à elle une prime de 5 % pour toute personne salariée qui travaille en centre jeunesse ainsi que l’octroi de 5 jours de congés mobiles par année. Elle demande également une prime allant de 5 à 10 % pour attirer et retenir les personnes salariées expérimentées, permettant ainsi de stabiliser les équipes de travail en centre jeunesse grâce à du personnel expérimenté.
À titre comparatif les personnes salariées qui travaillent en milieu hospitalier, à l’urgence ou aux soins intensifs, bénéficient d’une prime de 14 % de leur salaire. Il nous paraît tout à fait raisonnable que les personnes salariées qui œuvrent dans ce que l’on considère comme les soins intensifs des services jeunesse bénéficient d’un incitatif financier comparable.
Primes
Dans ce nouveau dépôt sectoriel, le gouvernement réitère son intention de reconduire la prime TGC ainsi que celle pour les personnes œuvrant en CHSLD (lettre d’entente no 18) jusqu’au 30 mars 2023. Ce faisant, il maintient une épée de Damoclès au-dessus de vos têtes jusqu’à la prochaine négociation car ces primes ne seront pas reconduites automatiquement lorsque la convention collective viendra à échéance. Le gouvernement Legault avait d’ailleurs menacé de les supprimer en mars 2020 si nous n’acceptions pas ses offres.
Afin d’éviter de répéter ce mauvais scénario l’APTS demande, entre autres, d’intégrer ces primes dans la convention collective et de remplacer les montants forfaitaires de ces dernières par une prime égale à un pourcentage du salaire (4 % pour la prime TGC et 2 % pour la prime CHSLD).
En ce qui concerne la prime de rétention pour les psychologues, la partie patronale propose de rehausser le palier 2 à 9 %, tandis que le palier 1 demeurerait à 4,1 %. L’APTS demande plutôt que cette prime bonifiée soit intégrée à l’échelle salariale.
Le gouvernement propose également de remplacer la prime de coordination par une prime de responsabilité de 5 %, offerte à toute personne salariée qui se voit confier la supervision et la responsabilité d’un groupe d’au moins 4 personnes.
Finalement, une prime de 2 % pour la supervision de stages serait également octroyée aux personnes salariées chargées d’assurer la supervision de stagiaires lié·e·s à un titre d’emploi sous la juridiction d’un ordre professionnel. Cette prime ne pourrait être cumulée à la prime de responsabilité.
Reculs du gouvernement sur les demandes patronales
On peut d’ores et déjà observer les effets de la mobilisation des membres de l’APTS sur les demandes patronales. Le gouvernement a en effet reculé sur certaines demandes jugées inacceptables en 2020 car elles n’apparaissent plus dans les offres du 31 mars 2021, à savoir:
- l’obligation de travailler pendant 3 heures consécutives pour recevoir la prime de soins critiques,
- des horaires allant jusqu’à 12 heures de travail dans une journée à temps régulier,
- l’abolition de la clause vous garantissant 16 heures de repos lors d’un changement de quart de travail.