Après quelques minutes, il secoue sa main en disant qu’il a mal. On remarque que ses phrases sont courtes et peu élaborées. Le résultat manque de propreté, car il pèse très fort sur son crayon. Il n’arrive pas à bien fermer ses lettres, si bien que parfois le « u » et le « a » se confondent. Son enseignante craint de lui donner une faute d’orthographe parce que certaines lettres sont illisibles et qu’elle pourrait faire une erreur d’interprétation tellement ses lettres sont difficiles à distinguer.
L’évaluation des capacités motrices par une ergothérapeute a démontré que Thomas n’avait pas assez de force dans la main et les doigts pour bien tenir son crayon. Il bloquait alors les articulations de ses doigts pour réussir à tenir son crayon malgré ce manque de force. À l’aide d’exercices quotidiens faits à la maison, Thomas a réussi à améliorer sa force et a pu écrire plus longtemps. Mais voilà que le blocage de ses articulations demeurait toujours et qu’il ne bougeait toujours pas les doigts en écrivant. Les lettres étaient toujours aussi mal formées. Comme une habileté se bâtit sur l’autre, c’est le manque de force qui a provoqué un manque de mobilité des doigts. En ayant maintenant une bonne force, Thomas a été en mesure d'apprendre à mieux bouger ses doigts. Et même s’il entamait déjà sa troisième année, son ergothérapeute lui a fait faire des exercices d’écriture pour certaines lettres plus difficiles. Fort maintenant de ces nouvelles habiletés, il a répété le geste et est maintenant capable de l’intégrer et de l’automatiser.
Ce ne sont pas tous les enfants qui ont besoin d’ergothérapie. Certains ont des retards très légers presque invisibles comme un petit manque de force ou une difficulté de mobilité dans certains gestes plus complexes. C’est pour cette raison qu’il importe de revisiter les habiletés de base en début d’année, et ce, même au 2e et au 3e cycle, et pourquoi pas même au début du secondaire. Cela permet aux élèves qui ont de petits retards de potentiellement acquérir ces habiletés et d’ainsi, améliorer la précision de leur écriture. Si la majorité des enfants acquièrent ces habiletés avant l’âge de 7 ans, certains le font beaucoup plus tard. Si on reprend l’exemple de Thomas, le manque de force en 1re année a créé une demande énergétique accrue si bien que son cerveau n’a pas été en mesure de bien automatiser le geste. Sans s’en rendre compte, il pense encore à comment former sa lettre lorsqu’il écrit. Si les difficultés de Thomas avaient été moindres, elles auraient pu passer inaperçues, mais il aurait vécu les mêmes difficultés simplement à une moins grande intensité. Si Thomas s'était pratiqué à traverser l’échelle horizontale du module de jeu durant la récréation plusieurs fois durant sa 1re et sa 2e année, il aurait pu augmenter la force de ses mains. Il aurait ainsi été prêt, en 3e année à bien tracer ses lettres, mais voilà que ce n’était plus un objectif du cursus scolaire.
Dans l’Ergotruc école de ce mois-ci, nous vous proposons un petit programme d’entraînement des habiletés de base pour améliorer la préhension du crayon. Celui-ci a été conçu sous forme d’exercices et met l’accent sur la force de la main. Dans l’Ergotruc CPE, vous trouverez un programme similaire, mais avec une histoire. Dans l’Ergotruc maison, nous vous suggérons quelques stratégies pour automatiser le geste d’écriture.
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Il existe également un programme intéressant conçu pour les élèves de 1re année qui s’intitule En mouvement, j’écris! accessible sur Internet.
Bon entraînement!
Pour en savoir plus:
Script ou cursif que choisir?
Une bonne prise de crayon, ça se prépare
Il écrit mal pourquoi?
Référence :
MORIN, M.-F., F Bara et D. Alamargot (2017). Apprentissage de la graphomotricité à l’école : Quelles acquisitions? Quelles pratiques? Quels outils? Scientia Paedagogica Experimentalis, 54 (1-2), 47-84