Vitrine phyto
Gagnant du Prix d’excellence SQP 2025 : ZIBI - PARC INONDABLE TESASINI
Par Christian Matteau, directeur de projet à CSW Architectes paysagistes
La ville de Gatineau a fait face aux crues exceptionnelles des rivières des Outaouais et Gatineau en 2017 et 2019, et a dû revoir sa stratégie de développement de son territoire. Au centre-ville, le quartier durable Zibi qui se déploie sur les deux rives de la rivière intègre les nouveaux modèles hydrauliques proposant des espaces publics résilients. L’un des nouveaux espaces est le parc inondable Tesasini, un ancien site industriel de 0,75 hectare le long de la rivière des Outaouais à Gatineau, réaménagé après les inondations de 2019 en mettant l'accent sur la résilience et la restauration naturelle des berges de la rivière.
Le parc se caractérise par une naturalisation dense des berges, des sentiers sinueux et accessibles, et des belvédères surélevés offrant une vue imprenable sur la rivière, les chutes Chaudières et la colline parlementaire. Les contraintes du site comprenaient la topographie abrupte, le recouvrement des sols contaminés et un équilibre entre déblai et remblai dans la plaine inondable. Pour faire face aux fluctuations saisonnières de l'eau, la conception comprend des sentiers surélevés au-dessus de la limite de crue centennale, avec des points d'accès clé qui engage l’usager avec le génie du lieu. La partie inférieure du parc, caractérisée par une « carapace », comprend une plage de blocs rocheux et des dalles de pierre pour une exploration informelle. Intégrant la culture algonquine, le parc présente des œuvres d'art, notamment autour du thème du calendrier lunaire, des aires de repos et de contemplation.
Les techniques phytotechnologiques : Un an après avoir réalisé les plans de conception du parc, la crue de 2019 décape le sol sur une épaisseur moyenne de 30 à 60 cm révélant, par la même occasion, une partie de la roche mère. Une nouvelle approche s’engage, selon une nouvelle cartographie des échelles de risques. Il fallait avant tout écouter le site, analyser les nouvelles données hydrogéologiques et travailler avec les forces naturelles de la rivière, tout en sécurisant l’accès au grand public. La technique choisie pour un aménagement résilient a été de naturaliser les deux étages supérieurs de la berge. Celle du bas est restée telle quelle (hors emprise) ; les autres, soutenus par des enrochements, ont été végétalisés avec des plantes indigènes de différents calibres selon deux méthodes de plantation:
1- Jeunes plants (fouets et racines nues) ont été déployés en sein des enrochements selon une densité de 1,2 unité/m² dans un sol structural (CU-sol). Les essences végétales utilisées ici sont les saules, cornouillers, vigne de rivage et peupliers ;
2- Mélanges de semis* (prairies fleuries) sur remblais ponctués de plantations d’arbres feuillus et conifères (selon une densité de 14 unités/100 m²). Les essences végétales choisies ici sont les érables, bouleaux, peupliers, caryers, hêtres, pins blancs, épinettes blanches.